Etude et analyse approfondie des traitements comportementaux pour l'éjaculation précoce
Bibliographie médicale
Revue systématique des essais consacrés aux traitements psycho-comportementaux de l’éjaculation prématurée
Sexologies, 31(1), 33‐51
Introduction
L'éjaculation précoce (EP) est un trouble sexuel fréquent qui affecte profondément la qualité de vie des hommes et de leurs partenaires. Les traitements de l'EP incluent des approches psycho-comportementales, pharmacologiques ou une combinaison des deux. Cette revue systématique vise à répertorier et analyser les essais publiés sur les traitements psycho-comportementaux de l'éjaculation précoce, en identifiant les techniques utilisées, leurs effets et leurs limites, et en comparant l'efficacité des monothérapies comportementales et pharmacologiques ainsi que des traitements combinés.
Méthodologie
La sélection des essais inclus dans cette revue a été réalisée en mars 2021, couvrant plusieurs bases de données telles que PubMed, PsycInfo, Google Scholar, Scopus et d'autres. Un total de 33 essais ont été répertoriés, couvrant des publications de 1956 à 2020. Les essais inclus devaient rapporter des mesures avant et après traitement et inclure des approches psycho-comportementales.
Techniques Utilisées
Techniques de pauses ("Stop-Start")
Les techniques de pauses, ou "stop-start", introduites par Semans en 1956, restent une pierre angulaire des sexothérapies. Elles impliquent l'arrêt de la stimulation pénienne juste avant l'éjaculation, permettant à l'excitation de diminuer avant de reprendre la stimulation. Ce processus est répété plusieurs fois pour aider le patient à différer son éjaculation à volonté.
Techniques régulatrices
Les techniques régulatrices visent à moduler les composantes de l'excitation sexuelle à travers des exercices posturaux, respiratoires et de relaxation musculaire. Ces techniques, développées par de Carufel et Trudel et d'autres, sont conçues pour aider les hommes à contrôler leur excitation sexuelle en ralentissant les mouvements copulatoires, en modulant la respiration et en relaxant les muscles.
Variantes et combinaisons
D'autres variantes incluent la "squeeze technique" de Masters et Johnson, qui ajoute des compressions péniennes pendant les phases d'arrêt, et l'utilisation de vibrateurs pour intensifier les sensations et faciliter la désensibilisation. Des exercices de renforcement de la musculature pelvienne ont également été proposés, bien que leur efficacité semble limitée.
Résultats et efficacité
Efficacité des sexothérapies
Les taux d'amélioration associés aux sexothérapies varient de 25 % à 100 %, avec une taille d'effet globale (d) entre 0,83 et 3,75. Les techniques les plus efficaces incluent des exercices de stimulation pénienne avec pauses et/ou des exercices de régulation de l'excitation. Les traitements combinés, intégrant une sexothérapie et une pharmacothérapie, tendent à offrir de meilleurs résultats que les monothérapies.
Comparaison des monothérapies et traitements combinés
Les essais comparant des monothérapies comportementales et pharmacologiques montrent que les traitements combinés produisent souvent des résultats supérieurs. Par exemple, l'étude de Tang et al. (2004) a montré que la combinaison d'une sexothérapie avec le sildénafil était plus efficace que l'une ou l'autre approche seule. De même, l'étude de Cormio et al. (2015) a démontré que l'ajout de la dapoxétine à une sexothérapie augmentait significativement les durées de pénétration et améliorait les scores sur les échelles diagnostiques de l'éjaculation précoce.
Techniques spécifiques et variations
L'adjonction de compressions péniennes durant les phases d'arrêt (squeeze) n'apparaît guère utile en termes de tailles d'effet comparées. Les essais faisant appel à un vibreur ne semblent pas clairement produire de meilleurs résultats. Les techniques de pauses et les techniques régulatrices se valent en termes de résultats comparés, bien que l'ajout de quelques techniques régulatrices puisse engendrer un surcroît d'efficacité.
Discussion
Variabilité des Résultats
Les variations de résultats ne semblent pas dépendre de la sévérité de l'EP telle qu'évaluée sur la base des critères d'IELT (Intravaginal Ejaculatory Latency Time). Des gains d'ampleurs analogues s'observent indifféremment dans les échantillons composés de sujets rapportant des IELT en ligne de base inférieurs à deux minutes et dans ceux portant également sur des formes moins sévères d'EP.
Importance des progrès enregistrés
L'importance des progrès enregistrés dépend aussi du type de mesure adopté. Les écarts-types rapportés dans certaines études sont fort importants, et quelques valeurs d'IELT particulièrement élevées peuvent sensiblement tirer les moyennes géométriques vers le haut. De plus, les participants font état de latences plus courtes lorsqu'ils relaient leurs durées de pénétrations après traitement, ce qui peut indiquer une différence entre une capacité ponctuelle et un optimum habituel.
Conclusion
Les recherches empiriques accumulées sur plusieurs décennies accréditent l'utilité des sexothérapies dans le domaine de l'éjaculation précoce et spécifient leurs conditions d'efficacité. Les techniques de pauses et les techniques régulatrices, intégrées dans un cadre thérapeutique plus large, montrent des résultats prometteurs. Les traitements combinés, associant sexothérapies et pharmacothérapies, offrent généralement de meilleurs résultats que les monothérapies. Les cliniciens et les chercheurs doivent toutefois prendre en compte les variations des techniques et des contextes de traitement pour optimiser les interventions thérapeutiques.
Pour plus d'informations, visitez l'étude complète sur ScienceDirect
Découvrez notre programme Master Of Time
Découvrir le programme complet