Recommandations de l'AIUS concernant la prise en charge de l'éjaculation précoce

Bibliographie médicale

Huyghe, E., Cuzin, B., Grellet, L., Faix, A., Almont, T., & Burte, C. (2023)

Recommandations pour le traitement de l’éjaculation prématurée

Progrès en urologie : journal de l'Association française d'urologie et de la Société française d'urologie, 33(5), 237–246

Introduction

L'éjaculation prématurée (EP) est une des dysfonctions sexuelles masculines les plus courantes, mais souvent moins discutée que la dysfonction érectile. Les recommandations pour la prise en charge de cette condition, élaborées par l'Association Interdisciplinaire Post-Universitaire de Sexologie (AIUS), visent à fournir des directives cliniques fondées sur des preuves pour améliorer la prise en charge des patients. Ces recommandations sont essentielles pour les professionnels de santé, notamment les urologues, sexologues, et médecins spécialisés en médecine sexuelle et reproductive.

Diagnostic et évaluation de l'éjaculation prématurée

Critères Diagnostiques

L'éjaculation prématurée est diagnostiquée principalement sur la base des critères suivants :

  • Délai d'éjaculation court : un délai de latence éjaculatoire intravaginal (DEI) de moins de 1 minute.
  • Absence de contrôle : une incapacité à retarder l'éjaculation lors de toutes ou presque toutes les pénétrations vaginales.
  • Détresse personnelle : une frustration personnelle et des difficultés interpersonnelles significatives résultant de cette condition.

Méthodologie d'évaluation

Les recommandations reposent sur une revue systématique de la littérature scientifique de 1995 à 2022, en utilisant la méthode des recommandations pour la pratique clinique (RPC). Les niveaux de preuves sont classés selon une grille de la Haute Autorité de Santé (HAS), permettant une gradation rigoureuse des recommandations.

Traitements recommandés

Approches psychosexologiques

Pour tous les patients atteints d'EP, il est recommandé de commencer par des conseils psychosexologiques et, lorsque possible, de combiner les pharmacothérapies avec des thérapies cognitivo-comportementales centrées sur la sexualité. Impliquer le partenaire dans le processus de traitement est également suggéré pour améliorer les résultats.

Pharmacothérapie

Traitement de première ligne

  • Dapoxétine (Priligy®) : recommandée comme traitement oral de première ligne à la demande pour l'EP primaire et acquise. La dose initiale est de 30 mg, prise 1 à 3 heures avant le rapport sexuel. La dose peut être augmentée à 60 mg si nécessaire, après 6 à 8 tentatives sexuelles complètes dans un environnement optimal.
  • Lidocaïne/Prilocaïne (Fortacin®) : recommandée sous forme de spray local appliqué 10 minutes avant les rapports sexuels. Cette combinaison anesthésique est efficace pour allonger le délai d'éjaculation.

Combinaisons thérapeutiques

  • Dapoxétine et Lidocaïne/Prilocaïne : pour les patients insuffisamment améliorés par la monothérapie, cette combinaison est suggérée.
  • Dapoxétine et IPDE5 (Inhibiteurs de la Phosphodiestérase de type 5) : pour les patients ayant à la fois une EP et une dysfonction érectile, cette association est recommandée si les résultats avec l'IPDE5 seul sont insuffisants.

Traitements de seconde ligne

Pour les patients n'ayant pas répondu aux traitements de première ligne :

  • Inhibiteurs Sélectifs de la Recapture de la Sérotonine (ISRS) hors AMM, de préférence la paroxétine, en l'absence de contre-indications.
  • Clomipramine : utilisée hors AMM pour les patients n'ayant pas répondu aux ISRS.

Contre-indications et traitements non recommandés

  • Alpha-1 Bloquants et Tramadol : ces médicaments ne sont pas recommandés en raison de leur efficacité limitée et des effets secondaires potentiels.
  • Chirurgie du frein du pénis ou posthectomie : non recommandée systématiquement pour l'EP, car les cicatrices peuvent aggraver les symptômes.

Approches complémentaires

Exercices du plancher pelvien

Les exercices du plancher pelvien ont montré une efficacité à long terme pour améliorer le contrôle éjaculatoire. Cependant, ils doivent être associés à des conseils comportementaux pour être pleinement efficaces.

Thérapies comportementales

Les thérapies cognitivo-comportementales, en particulier les techniques de "stop and go" et de régulation de l'excitation, sont cruciales. Les stratégies respiratoires, posturales et motrices complètent souvent ces techniques pour un effet optimal.

Inclusion du partenaire

L'implication du partenaire dans le traitement est bénéfique mais non obligatoire. Un partenaire coopératif peut grandement améliorer la confiance en soi et le contrôle éjaculatoire du patient, améliorant ainsi les relations sexuelles et l'intimité du couple.

Conclusion

Les recommandations élaborées par l'AIUS pour la prise en charge de l'éjaculation prématurée visent à fournir des directives claires et fondées sur des preuves pour les professionnels de santé. En combinant des approches psychosexologiques, des pharmacothérapies adaptées et des thérapies comportementales, il est possible d'améliorer significativement la qualité de vie des patients atteints d'EP.

Pour plus de détails, vous pouvez consulter l'étude complète sur ScienceDirect.

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