Réévaluation du critère de la minute concernant le traitement de l'éjaculation précoce
Bibliographie médicale
Le « trouble » de l’éjaculation précoce : le critère d’une minute maximum de pénétration en question
Sexologies, 23, 101-106
Introduction
L’éjaculation précoce (EP) est un trouble sexuel fréquent caractérisé par une éjaculation qui survient rapidement, souvent avant que l’homme ne le souhaite, et qui génère un sentiment de détresse ou d’insatisfaction. Le critère diagnostique le plus courant est une durée de pénétration inférieure ou égale à une minute. Cependant, cette norme suscite des débats sur sa validité scientifique et ses implications pour le traitement de l’EP. Cet article examine la pertinence de ce critère et explore des approches thérapeutiques alternatives.
Critères diagnostiques de l’éjaculation précoce
Le critère de la minute
Le critère d’une minute est basé sur l’idée que l’EP est principalement due à des facteurs bio-constitutionnels, nécessitant un traitement pharmacologique au long cours. Cette perspective repose sur des études épidémiologiques et des essais cliniques, mais les preuves scientifiques demeurent faibles. Par exemple, Waldinger et al. (1998) ont constaté que 90 % des hommes souffrant d'EP primaire éjaculaient en moins d’une minute, mais cette étude n'a pas été largement corroborée par d'autres recherches.
Approche subjectiviste VS objectiviste
Deux conceptions s’affrontent :
- Subjectiviste : une éjaculation est précoce lorsqu’elle survient avant que l’homme ne le souhaite, indépendamment de la durée.
- Objectiviste : une éjaculation est précoce si elle survient régulièrement en moins d’une durée prédéfinie, souvent fixée à une minute.
Données d’observation
Des études comme celles de Waldinger et al. (2005, 2009) montrent une variabilité des durées de pénétration dans la population générale, avec des médianes allant de 3,7 à 10 minutes selon les pays. Les souhaits des hommes en matière de durée de pénétration sont souvent supérieurs aux normes biologiques, soulignant un décalage entre la réalité et les attentes socioculturelles.
Réévaluation du critère de la minute
Limites des preuves scientifiques
L’étude de Waldinger et al. (1998) et d’autres recherches citées par l'International Society for Sexual Medicine (ISSM) n’ont pas trouvé de confirmations solides. D’autres études montrent que de nombreux hommes diagnostiqués EP ont des durées de pénétration supérieures à une minute, remettant en question la validité exclusive du critère de la minute.
Facteurs étiologiques
L’EP est influencée par des facteurs biologiques, psychologiques et sociaux. Les travaux de Jern et al. (2007) et Corona et al. (2011) soulignent une composante génétique et hormonale, mais ne démontrent pas un rôle exclusif de ces facteurs. Une approche trop centrée sur les aspects biologiques risque de négliger les dimensions psychosociales cruciales.
Approches thérapeutiques
Traitements pharmacologiques
Les inhibiteurs sélectifs de la recapture de la sérotonine (ISRS) sont souvent prescrits pour l’EP, retardant le réflexe éjaculatoire. Cependant, leur utilisation à long terme comporte des effets secondaires, et ils ne devraient pas être la première ligne de traitement.
Thérapies psycho-sexologiques
Les thérapies cognitivo-comportementales et la sexothérapie ont montré une efficacité significative pour de nombreux hommes souffrant d’EP. De Carufel et Trudel (2006) ont démontré que des traitements sexo-comportementaux peuvent améliorer la latence éjaculatoire, même chez ceux avec des durées initialement très courtes.
Approche combinée
Combiner les traitements pharmacologiques et psycho-sexologiques pourrait offrir des résultats optimaux, en utilisant les synergies potentielles de ces approches. Li et al. (2006) et Yuan et al. (2008) ont rapporté des effets bénéfiques de cette stratégie combinée.
Conclusion
Il est prématuré de fonder le diagnostic de l’EP sur une durée de pénétration d’une minute maximum. Cette norme pourrait plutôt indiquer un gradient de sévérité. Les traitements devraient être personnalisés, combinant des interventions pharmacologiques et psycho-sexologiques selon les besoins individuels. Une réévaluation des critères diagnostiques et des approches thérapeutiques est essentielle pour mieux répondre aux complexités de l’EP.
Pour plus d'informations, consultez l'article original sur Sciencedirect.
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